Si innover signifie « ajouter quelques choses de nouveau pour remplacer quelque chose d’ancien », il existe de multiples façons d’innover et de nouvelles pratiques telles que l’Open innovation, les fablabs se sont largement développées ces dernières années.

La notion d’innovation frugale n’est pas nouvelle. Elle est notamment portée haut et fort depuis plusieurs années par Navi Radjou, théoricien de l’économie franco-indien.  Sa devise est simple : « faire mieux avec moins ». Cette question prend tout son sens dans un monde qui doit intégrer que les ressources naturelles sont épuisables, et doit trouver des moyens de s’adapter.

Selon les princeps de l’innovation frugale, vivre avec moins doit amener à innover pour conserver une bonne qualité de vie ou même l’améliorer. Repenser l’innovation en termes d’économie de moyens, de simplicité de la solution, de robustesse et de durabilité des produits, anticiper sur le recyclage pour assurer la circularité entre ressources et déchets, permet d’innover plus rapidement et plus efficacement. Cette innovation est basée sur l’ingéniosité humaine.

Chacun peut se poser la question : si l’on arrêtait de penser que l’innovation est le berceau de la complexification des produits, que l’on imaginait l’avenir plus simple, plus efficace, plus durable, ne serait-ce pas une pensée inspirante pour innover mieux, en accord avec la réalité d’un monde qui s’épuise ? Certains y verront aussi le devoir de responsabilité sociale. L’innovation frugale est souvent associée à l’innovation en open source et apparait, en ce sens, incompatible avec une appropriation des résultats. C’est en réalité une question de choix car il n’existe aucun obstacle juridique à protéger par brevet une innovation qui apporte de la simplicité si elle est plus efficace, ou moins consommatrice d’énergie par exemple, à protéger par une marque, un nouveau produit ou service pour le différencier de la concurrence, affirmer son identité et éviter la confusion avec des produits et services moins performants. Innovation frugale ou non, les produits innovants résultent d’un effort intellectuel, sont source de valeur, de richesse pour la personne ou la société qui a imaginés et développés. Les innovateurs, les inventeurs ont un besoin légitime de reconnaissance et de maîtrise de leurs œuvres auquel répond le dépôt de brevet, de marques et dessins & modèles, la question de leur exploitation est autre. L’utilisation de ces titres de propriété industrielle relève du droit des contrats, dont l’objectif est de refléter la volonté des parties et d’organiser l’exploitation, elle s’inscrit donc dans une perspective d’exploitation choisie librement (et non de contrainte).

Elsa Martin-Touaux