Pour ceux que la question taraude encore : Non, un certain brevet publié en 2005 ne concerne pas le SARS-CoV-2, ne peut pas être lié à la pandémie Covid-19 qui sévit depuis quelques mois. Et pour cause, le génome de ce coronavirus SARS-CoV-2 a bien été divulgué pour la première fois le 9 janvier 2020. La famille des coronavirus regroupe de nombreux virus dont la pathogénicité varie fortement d’un type à l’autre. Chez l’homme, 4 des 7 types décrits jusqu’à présent se manifestent par un banal rhume. Les 3 autres, apparus plus récemment, dont le SARS-CoV-2, sont responsables de syndromes respiratoires sévères.

Les médecins, les chercheurs observent et étudient ce nouveau virus afin de proposer des solutions médicales pour soulager, soigner, prévenir une infection Covid-19.

 

Des molécules à l’étude

De très nombreuses études sont en cours à travers le monde pour trouver un médicament contre le Covid-19. Une étude européenne, nommée Discovery, lancée à la mi-mars 2020 évalue l’efficacité de 4 traitements (anti-viraux, traitements modulateurs de l’immunité). La molécule plus médiatisée, notamment par le Dr. Raoult, est l’hydroxychloroquine. Cette molécule est connue depuis longtemps ; elle a été utilisée dès 1955 dans le traitement du paludisme et plus tard contre la polyarthrite rhumatoïde et le lupus érythémateux.

 

Quels brevets autour du Covid-19 ?

La molécule d’hydroxychloroquine est dans le domaine public, elle ne peut plus être protégée et peut au contraire être produite librement par toutes les sociétés pharmaceutiques du monde entier. Toutefois son utilisation pour traiter une infection pulmonaire due à un coronavirus tel que le Covid-19 peut avoir fait l’objet d’un dépôt de brevet (probablement par l’équipe chinoise l’ayant testée en premier); dans ce cas, une licence serait nécessaire pour pouvoir administrer cette molécule dans cette affection.

D’autres types de brevets sont à considérer. L’hydroxychlororoquine est notamment connue pour ses effets secondaires. En France, cette molécule, sous toutes ses formes, est inscrite sur la liste II des substances vénéneuses (médicaments comprenant des substances toxiques) suite à un Arrêté du Ministère des solidarités et de la santé en date du 13 janvier 2020. Si son efficacité contre le Covid-19 était avérée, toute forme modifiée de l’hydroxychloroquine ou toute association présentant une réduction de sa toxicité serait intéressante et pourrait faire l’objet d’un brevet. Une telle association est proposée par exemple dans la demande de brevet WO2018/162845.

Le dernier champ d’investigation majeur porteur d’espoir pour les années à venir est le développement d’un vaccin pour protéger les populations contre une infection Covid-19. Dans ce domaine aussi la course contre le temps est facteur de succès et les enjeux économiques de taille. Des brevets ont été et seront déposés pour protéger ce que seront – pour ceux qui auront été validés par des essais cliniques – ces vaccins de demain.

 

Elsa Martin-Touaux